dÉCOLOnisons!

processus de décolonisation

Allié aux luttes autochtones

Le mouvement écologiste québécois est depuis longtemps solidaire avec les luttes écologistes autochtones, car considérées comme des luttes communes et des opportunités d’alliances. Mais avant qu’une alliance puisse se concrétiser de façon réciproque, non centrée sur les objectifs occidentaux et considérant les réalités et pratiques autochtones, il est impératif d’amorcer un processus de décolonisation dans nos esprits, pratiques et organisations.

Engager un processus de décolonisation est un travail qui nécessite de se remettre en question, d’apprendre et d’agir en conséquence. Devenir une alliée aux luttes autochtones est un cheminement continu vers une société inclusive et solidaire porteuse de justice sociale.

Le RQGE reconnaît qu’il n’en est qu’à la phase introductive de ce long travail et s’engage à continuer ce processus et à se tourner vers les organismes autochtones, seuls experts de leurs expériences et histoires, pour apprendre et changer. En tant que regroupement, le RQGE s’engage ici à rendre visible ce processus afin d’inspirer et mobiliser ses groupes membres et toute personne interpellés par un processus de décolonisation.

Cette page s’inspire, tant pour sa structure que pour son contenu, de la trousse d’outils pour les alliées aux luttes autochtones du RÉSEAU de la communauté autochtone à Montréal et le processus proposé se résume en 3 grandes étapes.

SE DÉCOLONISER

Les étapes d’actions à entreprendre

1. S’INTERROGER

Pourquoi se décoloniser? Pourquoi vouloir être une alliée aux luttes autochtones? Qu’est-ce qu’ une alliée? Ce sont des questions qu’il est nécessaire de se poser avant d’entamer un processus de décolonisation.

Voici à titre d’exemple les trois réponses que le RQGE en tant que regroupement écologiste a identifiées pour ces questions.

JUSTICE SOCIALE

“Être une alliée, c’est perturber les espaces oppressifs en éduquant les autres sur les réalités et l’histoire des personnes marginalisées”.

Pour le RQGE et selon notre mission, le processus de décolonisation est avant tout un engagement au nom de la justice sociale. Le RQGE a donc pour motivation première de soutenir et participer à un travail anti-oppressif, ici plus particulièrement contre le colonialisme et le racisme systémique et ordinaire, afin d’œuvrer pour l’égalité des droits et l’équité des situations pour tout le monde.

CONVERGENCE DES LUTTES

Les personnes et communautés oppressées et vulnérables sont les premières touchées par les changements climatiques, la pauvreté, la précarité, et toutes les injustices découlant de l’exclusion et a contrario les problèmes environnementaux et sociaux sont générés essentiellement par les populations et organisations privilégiées.

Pour le RQGE, les luttes pour la justice sociale et contre les systèmes oppressifs que mènent les nations autochtones sont donc convergentes aux luttes écologistes, dans le sens où elles remettent en cause les mêmes inégalités, injustices et problématiques.

PARTAGE DES SAVOIRS

Depuis des millénaires les nations autochtones sont les défenderesses de la nature et des gardiennes de l’eau. Leurs modes de vie ancestraux font en sorte qu’elles ont des connaissances terrain et sensibles des territoires qui les abritent. Au RQGE nous croyons que les sciences pures, naturelles et de gestion des populations et organisations occidentales ont beaucoup à gagner en intégrant ces connaissances et principes millénaires, nettement plus ancrés et connectés à la nature, afin qu’ensemble nous planifions à habiter plutôt qu’occuper les territoires et à protéger la nature plutôt que de la gérer.

2. APPRENDRE

Une autre étape à réaliser est de s’informer sur l’histoire, le territoire, l’identité et la réalité des communautés autochtones. Au fil de son processus de décolonisation, voici à titre d’exemple un sommaire de ce que le RQGE et son comité Décolonisation et Alliances autochtones ont acquis et internalisé à titre d’apprentissage.

IDENTITÉS, CULTURES ET TERRITOIRES

Il existe des centaines de communautés, langues et cultures autochtones au Canada. Chaque nation et chaque communauté a sa propre histoire et vit des situations spécifiques qui viennent teinter les décisions qu’elle prend ainsi que les intérêts qu’elle défend. 

Sur le territoire géopolitique du Québec , il existe 11 nations autochtones (et 64 au Canada) qui ont chacune leurs propres caractéristiques et réalités:

Abénaquis / Abénakise ■ Anishinabé /Anicinape ■ Kanienʼkehá꞉ka (Mohawk) ■Crie ■ Naskapi ■ Inuit ■ llnu / Innu ■
Mi’gmaq / MicMac ■Wendat ■ Atikamekw ■Wolastoqiyik (Malécite)

HISTOIRE DE LA COLONISATION

Selon le Feminist Northern Networkvoici une description et une ligne du temps fort éclairantes sur l’histoire et les différentes étapes chronologiques du colonialisme au Canada:

Le colonialisme au Canada pourrait se définir comme le déplacement forcé des peuples autochtones de leur terre, leur culture et leur communauté. Il est enraciné dans toute l’histoire du pays et est toujours bien vivant aujourd’hui. Le Canada a vécu une colonisation de peuplement lorsque des Européens se sont agressivement emparés des terres habitées par les peuples autochtones et, avec le temps, ont déplacé ces peuples avant de les surpasser en nombre :

La Commission royale sur les peuples autochtones a classé l’histoire de la colonisation au Canada en quatre étapes.

Des mondes étanches
(avant 1500)
Les sociétés autochtones et non autochtones ont évolué séparément sur leurs propres territoires, loin les unes des autres, avec différentes formes de cultures et d’organisation sociale. Cela a changé lorsque les Européens ont commencé à s’installer en Amérique du Nord.
Contact et coopération
(1500 à 1870)
Une population non-autochtone croissante cherchait des façons de favoriser la coexistence, principalement sous forme de commerce et d’alliances militaires. Malgré un déclin abrupt des populations autochtones en raison des maladies transmises par les colons, cette époque est marquée par la tolérance et un respect mutuel, chaque société demeurant libre de gouverner ses affaires internes.
Déplacement et assimilation
(1871 à 1969)
Durant cette période, la plupart des sociétés non autochtones – maintenant plus nombreuses et plus dominantes – ont cessé de respecter leurs voisins autochtones. Leurs interventions dans les vies et les territoires de ces peuples se sont intensifiées à mesure que la culture dominante adoptait des politiques visant à absorber de force les terres et les peuples autochtones.
Négociation et renouveau
(1970 à aujourd’hui)
Les victoires des peuples autochtones devant la Cour suprême, de même que la reconnaissance de l’échec des politiques d’assimilation, ont obligé les non-autochtones à entamer un processus de changement par le dialogue, la consultation et la négociation. Parallèlement, les leaders autochtones reprenaient le contrôle de leurs propres affaires et rétablissaient leurs propres sociétés en agissant pour commencer à guérir les blessures infligées par des siècles de domination.

RACISME SYSTÉMIQUE ET ORDINAIRE

Racisme systémique : Officiellement et tel qu’on peut le voir sur le site du gouvernement fédéral, l’identité autochtone est encore aujourd’hui régie au Canada par des préceptes coloniaux :

  • Concept de race
  • Loi sur les Indiens
  • Le registre des Indiens
  • Distinction entre le statut et l’appartenance à une bande

De par la description légale et structurelle canadienne, le racisme envers les autochtones existe dans toutes les institutions et la plupart des organisations de la société québécoise, ce qui rend ce racisme systémique. Concrètement, le racisme systémique sévit sur le territoire du Québec puisque l’accès aux soins, aux logements, à l’éducation, à la justice, à la protection des femmes autochtones etc., des communautés n’est pas assuré ni équitable. De ce fait, les autochtones vivent sur des territoires qui leur ont été volés et sur lesquels persistent des structures oppressives.

Racisme ordinaire : Mais il n’y a pas que les lois et institutions qui sont racistes de façon systémique, nos esprits, après ces siècles de colonisation, le sont aussi! Ce racisme dit “ordinaire” peut sembler banal à première vue, mais il a beaucoup d’incidence sur les communautés et personnes qui en sont la cible. Avec un brin d’humour, voici une webfiction satirique pour vous faire sourire et surtout réfléchir sur le racisme ordinaire.

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3. Agir en conséquence

Lorsque les étapes de s’interroger et de s’informer sont entamées, il est alors important d’agir en continu, concrètement et en conséquence des informations acquises et positions. Mais que peuvent faire les écologistes concrètement?

Voici les 2 volets d’actions qui ont été mis en place au fil du processus de décolonisation du RQGE, soient: Reconnaître et S’engager

RECONNAÎTRE

Pour le RQGE, il est impératif a priori de reconnaître l’agentivité et l’expertise des communautés et personnes autochtones, c’est-à-dire: Reconnaître que les Peuples Autochtones ont la propriété, le contrôle, l’accès et la possession de leurs informations, connaissances, expériences et histoires.

Il nous importe également de reconnaître et respecter les différences culturelles et l’autonomie d’action des communautés autochtones afin de s’y adapter, et non l’inverse. En ce sens, voici des actions de reconnaissance que le RQGE a mis en œuvre :

1999

Déclaration des 3 canots: Le RQGE a co-écrit et signé une déclaration visant à créer trois structures parallèles (anglaise, française et autochtone) et complémentaires afin de répondre adéquatement aux besoins des membres de différentes cultures et langues.

2016

Instauration d’une déclaration verbale au début de chaque Assemblée générale reconnaissant que celle-ci se déroule en territoire autochtone non-cédé et nommant la ou les nation.s autochtone.s d’appartenance

2019

Insertion d’une Page de garde décoloniale dans tous les documents officiels et publics du RQGE.

2020

Création d’une banque interne de références et d’expertises autochtones.

2021

Accompagnement par des personnes ou organisations autochtones rémunérées lors de toute élaboration ou mise en œuvre d’actions les concernant.

S’ENGAGER

Les reconnaissances déclarées sont un premier pas, mais elles peuvent demeurer lettres mortes sans actions qui les portent. Le RQGE a donc résolu de s’engager formellement tel un contrat moral et effectif, pour mettre en œuvre des actions réelles.

Voici ici les engagements que le RQGE a adoptés et mis en place :

2017

Intégration d’objectifs de décolonisation dans notre Planification stratégique quinquennale.

2018

Mise sur pied d’un comité ad hoc Solidarités autochtones.

2019

Création d’un comité plénier permanent Décolonisation et Alliances autochtones.

2020

Élaboration et adoption en AGA d’une Politique décoloniale et alliances autochtones

2020

Prévision d’un budget annuel récurrent pour la rémunération des expertises autochtones et/ou des dons solidaires à des organismes autochtones.

2020

Participation à des ateliers sur l’histoire et à des formations sur la décolonisation.

2021

Création d’une page web d’éducation populaire et de mobilisation sur le processus décolonisation.

2022

Appilcation de la  Politique décoloniale et alliances autochtone à travers toutes les actions du RQGE